Dès que nous avons un projet à mener à bien, on entend souvent “méthode agile” dans les méthodes de gestion de projet présentées par les agences digitales. Nous allons vous expliquer pourquoi ces méthodes de gestion de projet sont efficaces et comment les mettre en place au sein de votre entreprise.
Qu’est-ce qu’une méthode agile ?
Avant de définir le principe d’une méthode agile, revenons quelques années en arrière, pour comprendre comment la méthode agile est née. Les premières traces d’une méthode agile remontent aux années 80, à cette époque plusieurs méthodes sont utilisées mais on découvre que la méthode Scrum est la première méthode agile à être mise en œuvre en 1993. Afin de cadrer ces méthodes, dix-sept figures éminentes du développement logiciel vont se réunir en 2001, aux États-Unis. Leur objectif est de débattre pour faire émerger un thème unificateur de leurs méthodes respectives après avoir constaté un taux d’échec important des projets des années 90.
Ils décident donc d’extraire de leurs usages respectifs les critères communs et les principes qui, selon eux, conduisent aux meilleurs concepts de direction de projets et de développement logiciel. De cette réunion naît le Manifeste agile (Agile Manifesto en anglais).
Il devient la référence des valeurs du développement agile de logiciels et de ses principes sous-jacents par les praticiens et les universitaires.
Pour décrire leur manifeste au mieux, ces dix-sept experts pensent d’abord au terme lightweight (léger) mais s’accordent finalement sur celui d’agile, traduisant mieux l’aspect rapidement adaptatif de ces méthodes.
Dans ce manifeste plusieurs dizaines de méthodes agiles en ressortiront, notamment les méthodes XP Extreme programming et Scrum qui deviendront très populaires.
Maintenant que vous connaissez l’histoire de sa création, il est important de comprendre sa définition, et ce qu’elles apportent à votre entreprise.
Définition de la méthode agile
À l’origine, cette approche a été créée pour les projets de développement web et informatique. Elle se définissait comme un mode de gestion pour les projets informatiques. Aujourd’hui, la méthode Agile est de plus en plus répandue car elle est adaptable à de nombreux types de projets, tous secteurs confondus. On définit aujourd’hui les méthodes agiles comme un mode de gestion des projets privilégiant le dialogue entre toutes les parties prenantes ainsi que la souplesse en cours de réalisation et la capacité à modifier les plans et la rapidité de livraison.
Pour que la méthodologie agile soit correctement appliquée lors de projet, celle-ci repose sur le Manifeste rédigé en 2001. Dans ce document 4 valeurs fondamentales ont émergé :
- Les Individus et leurs interactions plutôt que les processus et les outils
Ce qu’explique le manifeste est que ce n’est pas l’outil qui crée le produit mais bien des personnes, une équipe de passionnés sera toujours plus efficace qu’un simple processus car ces personnes pourront ajouter de la plus-value aux produits.
- Des logiciels opérationnels plutôt qu’une documentation exhaustive
Attention, il ne faut pas penser que toute la documentation est inutile, alors ne jetez pas votre cahier des charges. Le principe ici, c’est de mettre à profit le temps de vos équipes, dans la production plutôt que dans la rédaction de documents.
La méthode agile permet de soulager le chef de projet, pour qu’il ne passe pas des heures dans l’élaboration de présentations ou de calendriers. On allège ça avec des modèles de documents qui seront toujours pareils et qui se remplissent rapidement.
- La collaboration avec les clients plutôt que la négociation contractuelle
Dans le développement agile, le client est intégré à chaque itération / lot. Il est donc informé à toutes les phases de développement. Ce qui est très avantageux car cela permet de récolter les feedbacks des clients très rapidement et ainsi faire les modifications nécessaires.
- L’adaptation au changement plutôt que le suivi d’un plan
Tout planifier à l’avance est bien, mais on ne peut jamais prévoir et planifier l’imprévu. La méthode agile préconise donc un système de planification qui permet aux équipes de s’adapter au moindre changement. La souplesse et flexibilité des méthodes agiles permettent d’avoir un projet stable car elles prennent en compte les imprévus, et cela n’est donc plus un obstacle.
Avec ces quatre valeurs fondamentales, viennent s’ajouter 12 principes ou préceptes qui viennent compléter le Manifeste agile expliquer concrètement comment construire une méthode agile :
- Satisfaire le client en priorité
L’objectif de la méthode agile est de livrer rapidement et régulièrement les fonctionnalités à grandes valeurs ajoutées. Le travail en itération permet de délivrer aux utilisateurs le produit au plus vite.
- Accueillir favorablement les demandes de changement
Travailler en itération permet d’aborder le changement très tôt dans le développement du produit. Il vaut mieux faire des modifications dès qu’on aperçoit l’erreur plutôt que de revenir dessus lorsque le produit est terminé.
- Livrer le plus souvent possible des versions opérationnelles de l’application
Vos itérations doivent êtres de courte durée (deux à trois semaines) afin de livrer des nouvelles fonctionnalités pour les présenter et les tester.
- Assurer une coopération permanente entre le client et l’équipe projet
Toutes les parties prenantes du projet doivent s’entendre et adopter une communication fluide et surtout fréquente.
- Construire des projets autour d’individus motivés
Entourez-vous de personnes qui peuvent s’autogérer et accordez leur votre confiance.
- Privilégier la conversation en face à face
- Mesurer l’avancement du projet en termes de fonctionnalités de l’application.
Pour savoir si votre application ou votre site web est fonctionnelle, vous devez mettre en place des indicateurs de performance. Cela vous permet de mesurer votre succès mais votre avancement.
- Faire avancer le projet à un rythme soutenable et constant
Ne surchargez pas vos équipes de travail, cherchez plutôt à découper le produit en plusieurs tâches pour les garder motivées.
- Porter une attention continue à l’excellence technique et à la conception
- Faire simple
“Less is more”, traduction “moins est plus”. La simplicité est le moyen de rendre un produit rapidement sans accumuler des tâches complexes et inutiles.
- Responsabiliser les équipes
- Ajuster à intervalles réguliers son comportement et ses processus pour être plus efficace
Le bénéfice de la culture agile est à trouver dans le rapprochement des équipes, davantage de collaboration, le partage accru des compétences et une certaine émulation collective pouvant accoucher d’un Minimum Viable Product (MVP).
À quoi sert une méthode agile ?
La méthodologie Agile se base sur un principe simple : planifier la totalité de votre projet en amont des développements, dans les moindres détails, est contre-productif.
En effet, par définition, il est impossible de prévoir ce qui est imprévisible. Partant de ce constat, organiser et planifier tous les aspects de votre projet sera sûrement une perte de temps. Des aléas surviendront, perturberont votre avancée et forceront à revoir toute la planification.
L’approche Agile est souvent opposée à la méthode traditionnelle (cycle en v) avec cette promesse de grande flexibilité et de meilleure visibilité dans la gestion du projet.
Là où les méthodes classiques n’ont qu’une livraison finale avec tout le projet amenant parfois à un résultat décevant devant être modifié, avec toute la perte de temps et d’argent que ça engendre, avec l’Agile, vous allez pouvoir fixer des objectifs à court terme permettant une avancée plus sereine.
Pour cela le projet est divisé en plusieurs sous-projets appelés itérations. Dès qu’une itération est terminée, on valide, et on avance directement à la prochaine jusqu’à destination finale.
Cette approche est donc plus flexible car elle laisse la place aux imprévus et aux changements et vous permet d’ajuster en cours de route l’itinéraire.
Cette méthode attire de plus en plus de personnes car elle le client peut émettre des retours fréquents sur son produit et ainsi le façonner à son image. Cette idée de personnalisation plaît beaucoup aux clients mais cette personnalisation de la méthode de travail plaît aussi beaucoup aux agences.
De ce découpage du projet, ressort un aspect important dans la conduite du projet : la co-conception avec une implication plus importante du client dans le cycle de développement agile de son produit. Une relation privilégiée pour une meilleure satisfaction du client. C’est lui qui valide chaque étape du projet. L’évolution de ses besoins est prise en compte et les ajustements sont effectués en temps réel afin de répondre à ses attentes.
Avec la méthode Agile, rien n’est figé. L’équipe projet doit être capable de se remettre sans cesse en cause et de chercher continuellement à évoluer.
À qui s’adresse l’utilisation d’une méthode agile ?
La méthode Agile s’adresse aux entreprises dont la structure hiérarchique est assez souple pour que son fonctionnement collaboratif soit mis en place et efficace. Le client doit pouvoir échanger très régulièrement pour une co-conception du produit.
Le client qui souhaite l’utiliser doit comprendre que la flexibilité a un coût même si ce dernier peut-être mieux contrôler en Agile. Garder en tête qu’il est difficile de savoir combien cela coûtera réellement dès le départ.
Toutes les entreprises ne peuvent pas mettre en place ce genre de méthode. Si votre entreprise décide de travailler en mode agile alors vous devez prendre en compte ces principaux critères :
- Besoin rapide de mise à disposition du produit (possibilité de MVP)
- Imprévisibilité des besoins et retours du client
- Risque de changements fréquents
- Besoin de visibilité du client sur l’avancement des développements
- Présence de l’utilisateur assurant un feedback immédiat
Si ces différents points ne vous font pas peur ou qu’ils sont même déjà implantés dans la culture de l’entreprise, alors vous n’aurez aucun mal à y intégrer la méthode agile.
À l’inverse, il faut savoir éviter cette méthode dans les situations suivantes :
- Indisponibilité du client ou de l’utilisateur
- Les ressources humaines ne sont pas réunies
- Inertie des acteurs du projet ou refus des changements
Dans ces conditions, mieux vaut se tourner vers les méthodes traditionnelles.
Soyons concrets : comment mettre en place une méthode agile ?
1. Définir votre équipe Scrum
Votre équipe doit être composée de 5 à 9 membres. Ces membres ont tous une combinaison de compétences et peuvent être des développeurs, des testeurs, des assistants, des concepteurs, des analystes commerciaux, etc. Tous les membres travaillent en permanence en étroite collaboration. L’équipe elle-même est chargée de livrer des incréments de produit livrables à la fin de chaque sprint.
2. Définissez la longueur de votre Sprint
Un sprint est un intervalle de temps qui dure entre 7 et 30 jours, et qui reste généralement de la même longueur pendant toute la durée d’un projet. Chaque sprint est précédé d’une réunion de planification au cours de laquelle le travail du sprint est planifié et l’équipe s’engage à le réaliser. À la fin d’un sprint, une réunion d’examen et de démonstration du travail accompli est organisée. Les améliorations sont examinées et le travail du sprint suivant est planifié. Si vous n’avez pas d’idée de la durée du sprint, vous pouvez commencez par 2 semaines.
3. Nommer un Scrum Master
Le Scrum Master est le catalyseur du groupe de Scrum. Il veille à ce que le groupe de Scrum soit efficace et progressif. En cas d’empêchement, le Scrum Master assure le suivi et résout les problèmes pour le groupe. Vous pouvez considérer cette personne comme le chef de projet de l’équipe, sauf qu’elle ne doit pas dicter ce sur quoi l’équipe travaille et ne doit pas trop essayer de microgérer quoi que ce soit. Le Scrum Master aide l’équipe à planifier le travail pour les sprints à venir
4. Nommer le Product Owner
Le Product Owner doit être une personne qui peut être chargée de s’assurer que l’équipe produit de la valeur à partir du projet pour l’entreprise, le client (l’acheteur final). Le Product Owner rédige généralement les exigences centrées sur le client sous la forme d’histoires, les hiérarchise et les intègre au backlog.
5. Créer le backlog de produit initial
Le backlog de produit est une liste de souhaits de tous les récits d’utilisateur (exigences) qui devraient être réalisés dans le projet. L’histoire la plus importante doit se trouver en tête de liste, de sorte que l’ensemble du backlog est continuellement classé par ordre d’importance de l’histoire.
6. Planifier et lancer votre premier sprint
Sur la base de la hiérarchisation du backlog, l’équipe peut maintenant choisir des éléments de la liste (généralement à partir du haut). Elle doit faire un brainstorming et décide de ce qu’elle peut réaliser au cours du prochain sprint. C’est ce qu’on appelle la réunion de planification du sprint.
Une fois que l’équipe est d’accord, le sprint est lancé et elle commence à travailler sur les histoires.
7. Clôturer le Sprint en cours et commencer le Sprint suivant
Lorsqu’un sprint est terminé, tout le travail prévu devrait, on l’espère, être terminé. Si ce n’est pas le cas, c’est à l’équipe de décider si le travail restant doit être transféré au sprint suivant ou remis dans le backlog.
L’équipe fait maintenant une rétrospective où elle discute de ce qui s’est bien passé et de ce qui pourrait être amélioré pour le prochain sprint. Ensuite, la réunion de planification du sprint suivant commence et le processus est répété.
Il n’y a pas de limite au nombre de sprints, sauf s’ils sont fixés par une date limite (basée sur le budget ou le temps), ou si l’ensemble du backlog est terminé. Si aucun de ces critères n’est rempli, les sprints se poursuivent indéfiniment.
Inconvénients et limites
La méthode agile est de plus en plus utilisée pour la gestion de projet. Pourtant avant de la mettre en place dans votre entreprise, vous devez en connaître tous les avantages mais aussi les limites de cette méthode.
Quels avantages avec la méthode agile ?
Commençons par le côté positif de la méthode agile. Mettre en place cette méthode vous permet d’obtenir :
- Plus de flexibilité en travaillant sur des itérations autonomes :
Elles peuvent être conçues, testées, adaptées sans que l’ensemble du projet ne soit impacté.
- Un ajustement du produit :
Si de nouvelles idées ou fonctionnalités vous viennent à l’esprit au cours durant l’avancement du projet, elles pourront être prises en compte et implémentées dans une nouvelle itération.
- Une meilleure qualité :
Les feedbacks, les échanges avec les clients, les multiples livraisons et tests associés auront un impact fort sur la qualité du produit.
- Des risques réduits :
Ces itérations étant limitées dans le temps, les problèmes seront vite détectés.
- Une meilleure maîtrise des coûts :
On ne revient pas en arrière, on s’adapte, on améliore. Vous connaissez le budget déjà dépensé et celui restant. Vous pouvez stopper le développement et ne vous retrouvez pas sans rien.
Après avoir listé les côtés positifs, nous allons voir les limites de cette méthode.
Quels sont les inconvénients de la méthode agile ?
Le principal risque d’une flexibilité poussée à l’extrême est l’enlisement du projet. Chaque itération doit donc déboucher sur des directions et décisions claires. Le fait que rien ne soit figé présente donc un risque non négligeable.
Pour éviter une catastrophe, le chef de projet (pouvant être appelé Product Owner selon la dénomination dans la méthode choisie) est donc le garant de la réussite du projet. Il doit être capable de prendre les bonnes décisions pour le bien de toutes les parties prenantes.
Cette méthode privilégiant le dialogue à la documentation peut amener à une perte d’information et à des hésitations en cas de changement d’équipe projet.
Aussi, le client étant très sollicité, il doit pouvoir se libérer facilement pour échanger et s’intéresser à son projet pour détailler ses besoins et valider.
Certains signataires du manifeste agile ont depuis émis des critiques, non sur les principes Agiles, mais sur leur mise en pratique :
- Le dévoiement des méthodes agiles, notamment à des fins commerciales
- Le rejet des méthodes agiles par les développeurs
- L’imposition de ces méthodes aux équipes (notamment lors d’une mauvaise utilisation des méthodes SAFE, Scaled Scrum, LeSS etc.).
- Les deux valeurs « inspection » et « adaptation au changement » étant essentielles, mais peu respectées, du fait de la nécessité de remise en question sous-jacente.
Il est souvent considéré que les projets réalisés sont « faux agiles » et ne respectent pas ses valeurs et ses principes. Ainsi, les trois principaux défis sont de :
- Se battre contre l’industrie agile complexe et sa tendance à imposer les processus aux équipes
- Insister sur l’importance de l’excellence technique
- Organiser les équipes autour d’un produit et non d’un projet.
Malheureusement, beaucoup d’agences ont profité du courant « agile » afin de vendre des produits et des services avec cette méthode sans en respecter les principes entraînant des déceptions. Parler “d’agilité” n’est pas forcément “agile”. Privilégiez les professionnels parlant de “méthode agile” et qui n’hésitent pas à vous dire si elle est applicable pour votre projet, votre entreprise.
Les différentes méthodes agiles ?
Vous l’avez compris le terme de méthode agile désigne plusieurs méthodes de travail. Afin que vous puissiez choisir celle qui vous conviendra le mieux, nous allons définir les plus connues et les plus utilisées.
La méthode Scrum
Définition SCRUM ?
Scrum veut dire la mêlée, en référence au rugby. Les valeurs qui sont mises en avant par cette méthode sont comme pour le sport : l’équipe, la confiance et la communication entre ses membres.
Le SCRUM est un framework qui permet d’implémenter la méthode agile au développement de projet. C’est durant les années 90 que Jeff Sutherland décide de mener des recherches pour pallier les problèmes qu’ils rencontrent dans ses projets.
À la suite de ses recherches il créa une méthode avec un développement itératif et incrémental. Le séquençage du SCRUM est caractérisé par des périodes courtes de durées égales et répétitives, qui forment des itérations. Ces itérations se terminent par des livraisons. Chaque livraison constitue un incrément qui sera complété, modifié ou affiné lors de la prochaine itération.
Il s’agit d’un processus empirique basé sur l’expérience de l’équipe et s’appuie sur 3 piliers : Transparence / Inspection / Adaptation
Depuis sa création la méthode SCRUM rencontre un franc succès, elle est utilisée dans tous les domaines et pour tous les projets.
Son fonctionnement
Scrum est aujourd’hui la méthode agile la plus populaire. Elle se caractérise par itérations (appelées sprints) assez courts (maximum 1 mois) et un formalisme réduit :
- 1 Product Owner, responsable du produit backlog
- 1 Scrum Master, facilitateur du projet et qui s’assure du respect de la méthode agile
- 1 équipe de développement pluridisciplinaire et autonome
- Des timeboxes (planification de release, planification de sprint, daily meeting, revue de sprint, introspection)
- Artéfacts (backlog de produit, plan de produit, plan de sprint, burndown/burnup de release, burndown/burnup de sprint)
Afin de voir l’avancement des tâches de chacun et d’être transparent tout le long de l’avancement du projet, la méthode SCRUM met en place un tableau. Ce tableau SCRUM va permettre d’organiser les backlogs, les tâches du sprint en cours et l’état d’avancement.
Le client est étroitement impliqué grâce à des livraisons régulières de fonctionnalités permettant de valider le développement par étapes. Cette gestion dynamique permet de s’assurer de la correspondance entre le besoin exprimé et le produit livré. Il permet d’adapter au besoin les futurs développements.
La méthodologie Kanban
Définition
Développée au Japon en 1950, Kanban signifie « étiquette » en japonais. Cette méthodologie est issue de l’industrie automobile Japonaise, son créateur Taiichi Ōno souhaitait optimiser la capacité de production de Toyota afin d’être plus compétitif face aux entreprises américaines en plein essor.
La méthode Kanban se base sur une approche “Lean”. Autrement dit sur l’amélioration continue des processus de production permettant une gestion de la production sans gaspillage, en produisant sur demande et donc de limiter les stocks.
La méthode Lean est fondée sur quatre principes évidents :
- Réduire les coûts de production
- Éviter la surproduction
- Diminuer les délais
- Produire avec la meilleure qualité possible
Beaucoup d’entreprises travaillent en “flux poussés”, en produisant une certaine quantité de produits sans prendre en compte les demandes des consommateurs.
La méthode Kanban va à contre-courant en imposant un système à “flux tirés”, directement connectée à la demande du client. On ne développe alors que les produits demandés.
L’approche Kanban permet de contrôler visuellement le flux de travail. Il s’agit d’observer la façon de travailler de l’entreprise afin de l’améliorer par la suite. De plus, cette méthode flexible permet à l’équipe de suspendre à tout moment le processus de production afin de résoudre un problème bloquant ou une urgence.
Son Fonctionnement
La méthode Kanban fonctionne sur un système de cartes ou d’étiquettes, que l’on présente dans un tableau récapitulatif (le tableau Kanban), qui corresponde à une commande précise du client. C’est cette commande qui déclenche la chaîne de production. Ces cartes indiquent donc les tâches à réaliser, quand les réaliser, et les tâches déjà réalisées.
Ce principe permet de limiter le stock et donc le gaspillage, notamment en cas de défaut détecté en aval de la chaîne de fabrication.
Il s’agit d’un excellent outil visuel qui assure une meilleure collaboration et une meilleure communication en temps réel, ainsi qu’un excellent échange de l’information sur les tâches à exécuter.
La méthode Kanban est basée sur quatre principes :
- Utiliser les processus déjà en place et encourager une amélioration de ces processus
- L’équipe doit accepter d’améliorer le système en place par des changements progressifs
- Pour faciliter les changements à venir, il faut éliminer la crainte du changement. Avoir des rôles, des responsabilités et des titres bien définis et respectés
- Tout acte de leadership au sein de l’organisation doit être encouragé.
Dans la méthode Kanban, on distingue cinq bonnes pratiques :
- La visualisation :
Il est essentiel de visualiser le flux de travail (workflow). La bonne pratique est d’utiliser un tableau dont chaque colonne représente une étape (à faire, ouvert, en cours, en test, terminé). Chaque tâche évolue jusqu’à ce qu’elle soit achevée.
- La limitation du nombre de tâches en cours :
Chaque étape du tableau ne peut contenir qu’un nombre maximum de tâches en même temps. Lorsqu’une tâche est terminée, une nouvelle peut alors être ajoutée.
- La gestion du flux :
Il est essentiel de suivre, mesurer et consigner le déroulement du travail à travers chaque étape du tableau. Le but est de connaître la vitesse et la fluidité du travail.
- L’explicitation des normes de processus :
Les règles du système Kanban doivent être formulées clairement et sans ambiguïté afin de s’assurer que l’équipe comprenne le travail réalisé et les améliorations futures.
- L’identification des opportunités d’amélioration :
Une fois que l’équipe a compris les théories sur le travail, les processus et les risques, elle sera capable de discuter d’un problème ou d’un blocage auquel elle est confrontée et de trouver des améliorations à mettre en place.
La méthode Extreme Programming
Définition
Extreme Programming, ou XP, est une méthode agile de gestion de projet adaptée aux projets de développement informatique. Elle a été conçue par Kent Beck entre 1996 et 1999 pour accélérer les développements alors qu’il travaillait pour la société Chrysler. Il intervenait sur un logiciel de paie (écrit en langage Smalltalk) ayant accumulé une dette technique considérable, le rendant particulièrement complexe à maintenir et à faire évoluer.
Il a alors eu l’idée de faire collaborer étroitement tous les acteurs du projet en mettant en place des itérations de développement très courtes. Cette méthode était dans un premier temps élaborée pour le secteur informatique, mais aujourd’hui elle peut s’adapter à tous les projets de tous les secteurs.
Les principes de la méthode Extreme Programming sont les mêmes que ceux des méthodes agiles, mais son originalité repose sur le fait que ces principes sont poussés à l’extrême.
Son fonctionnement
Le fonctionnement de l’extrême programming est similaire à celui expliqué dans le manifeste de ma méthode agile. En effet, on va dans un premier temps chercher à définir des spécifications et ainsi se concentrer sur les fonctionnalités les plus importantes. Le projet sera ainsi découpé en plusieurs modules et sous-modules.
La planification des tâches reste très souple et l’estimation des charges simplifiée par des projections à très court terme garantisse la correspondance entre ce qu’attendent le client et les livraisons. Les fonctionnalités sont livrées régulièrement, afin d’être testées et validées au travers de prototypes opérationnels.
C’est une méthode où l’on doit appliquer un certain nombre de règles comme la relecture et l’amélioration du code tout au long du développement ou encore des tests systématiques à la fin de chaque étape.
L’Extrême Programming préconise surtout le travail en binôme des développeurs, facilitant ainsi la production d’un code simple, facilement lisible et maintenable. Si vous souhaitez appliquer extrême programming dans votre entreprise, vous devez prendre en compte ces cinq valeurs fondamentales :
- La communication :
Tous les membres de votre équipe doivent communiquer régulièrement avec vos collègues et avec votre client.
- La Simplicité :
L’objectif est de livrer un produit simple en faisant ce qui est nécessaire et demandé. Ne rajouter des tâches inutiles qui vous feront perdre du temps.
- Les feedbacks :
Chaque étape doit être validée par le client, pour cela il faut être ouvert aux possibles modifications et aux remises en question.
- Le respect :
Il est évident et important que toutes les parties prenantes doivent communiquer dans un respect mutuel qui permettra l’avancée du projet sans soucis.
- Le courage :
Il faut du courage pour se remettre en question et accepter de tester de nouvelles techniques ou encore recommencer une itération. Essayez de toujours garder votre équipe motivée pour aller au bout du projet.
Pour utiliser cette méthode il est impératif d’avoir une équipe opérationnelle et stable, ainsi qu’un projet de petite ou de moyenne taille. En effet, l’extrême programme est adapté aux petites équipes (20 personnes) et n’est pas compatible avec des grandes structures.
Comparatif des différentes méthodes agiles
Pour que vous compreniez bien, voici un tableau récapitulatif des différentes méthodes agiles.
SCRUM |
Kanban |
XP |
|
Flexibilité de la méthode | Les changements ne se font pas au cours du sprint (sauf urgence) | Possible à n’importe quel moment | Possible à n’importe quel moment |
Adaptée à toutes les entreprises | oui | oui | Petite à moyenne entreprise |
Découpage du projet en modules et sous-modules | Oui (sprints) | Non (flux continu) | oui (itérations) |
Rythme | Sprint de longueur fixe (entre 1 et 4 semaines) | Flux continu | Itérations de courte durée |
Rôle | Product owner, Scrum master, développeurs | Pas de rôle défini | Pas de rôle défini |
Livraison | À chaque fin de sprint | En continu | En continu |
Toutes ces approches permettent de faire de la gestion de projet en se centrant sur le client et sur le produit. Le client prend une part importante au développement, et ces méthodes permettent de s’adapter à ses besoins.
Actuellement il n’existe pas une méthodologie plus fiable que l’autre, le choix d’une méthode doit se faire en fonction du projet et de votre entreprise.
Conclusion
Avant de vous lancer dans une méthode agile, il faut bien garder en tête que ces méthodes ne sont pas adaptées à toutes les entreprises et tous les projets. L’équipe projet doit pouvoir garder une certaine autonomie, il sera très difficile voire impossible pour les entreprises avec une structure hiérarchique trop forte de mettre en place une méthode agile.
Contrairement aux méthodes dites traditionnelles, la méthode agile est très flexible, personnalisable et offre une meilleure vue d’ensemble du projet. En utilisant les éléments qui vous correspondent, vous pouvez créer un cadre de travail performant. Prenez simplement le temps de former vos équipe savant de vous lancer corps et âme dans une méthode agile.